jusqu’au 27 septembre 🗓 🗺
LE TOUQUET 62
Autour d’une soixantaine de toiles et dessins, le musée du Touquet Paris-Plage a tenu à rendre un hommage sensible au peintre Ladislas KIJNO, disparu il y a un peu plus de deux ans et qui aurait fêté ses 94 ans au moment où commence cette exposition.
Polonais par son père et picard par sa mère, il est contraint, à la fin de ses études de philosophie à Lille, de passer quelques années au plateau d’Assy pour raison de santé.
Il se fait alors confier la réalisation d’une Cène et rencontre Dor de la Souchère conservateur du musée d’Antibes qui lui présente Picasso, ce qui lui permet d’exposer au Musée d’Antibes en 1957.
Son langage plastique très reconnaissable s’articule autour d’une recherche approfondie à base de formes sphériques ou ovoïdes inspirées entre autre par les galets, mais également la découverte et l’exploration de la technique du froissage ainsi que l’utilisation dès 1960 de la bombe glycéro-spray.
Celui qui vivait à Saint Germain-en-Laye et qui représenta la France à la Biennale de Venise en 1980 est toujours resté très attaché à la région du Nord Pas-de-Calais qui fut sa terre d’asile une partie de son enfance et où il a scellé de nombreuses amitiés.
L’exposition qui ouvre ses portes en ce jour anniversaire de l’artiste, présente ses grandes périodes de création à travers la série des « galets », les « écritures blanches », «mécaniques mentales », «retours du Japon, de Chine, de Tahiti », la série des papiers froissés mais également les nombreux hommages réalisés par cet homme engagé (hommage à Angela Davis, Aragon, Galilée, Maiakovski, Andrei Roublev ….).
Le cadre feutré de la villa Way Side, qui abrite le musée, se prête à une rencontre intime avec « Lad », comme l’appelaient ses amis, ce grand homme pour qui l’amitié a aussi été un ferment de la création.
Citations, poèmes, portraits photographiques et hommages ponctuent le parcours rappelant les rencontres qui ont jalonné la vie et marqué l’oeuvre d’un homme militant et mystique qui « aurait aimé qu’une de ses oeuvres se trouve dans chaque foyer et qu’elle vienne éclairer l’aventure de chacun ».
Vous découvrirez également la série originale des dessins intitulée « Apocalypse 2000 », réalisée par Kijno en 1978 dans des conditions très pénibles alors qu’il était hospitalisé durant une année. Sa santé étant profondément menacée, l’artiste se rattachait à la vie par la lecture et le dessin. Il eut l’idée de relire l’Apocalypse de Saint Jean et d’imaginer l’an 2000 comme « la source d’ou jaillirait l’espoir d’un futur apaisé ou l’amour vaincrait la haine,… ». Ce témoignage très personnel est comme le dit l’artiste « celui de l’amour et de l’espoir, de la résurrection de la vie, pilier essentiel de ma spéléologie mentale ».
Comme il l’aurait certainement apprécié, Ladislas Kijno sera également entouré sur les cimaises du musée des oeuvres de ses plus fidèles amis artistes : Edouard Pignon dont il découvrit la peinture dans son enfance, Sonia Delaunay qui lui prêta longtemps son atelier à Paris mais aussi Germaine Richier, Serge Poliakoff et Jean-Michel Atlan, Hans Hartung et Alberto Magnelli ainsi que ceux avec qui il a partagé des « oeuvres à quatre mains » comme Albert Féraud, Jean-Pierre Rives ou Robert Combas.
© Sophie Deshayes
Directrice du Musée du Touquet-Paris-Plage
Musée du Touquet-Paris-Plage, musée de France > jusqu’au 27 septembre.
Angle des avenues du Golf et du Château.
Infos : 03 21 05 62 62